Équitation et bien-être des chevaux
L’éducation positive des chiens et des chats est de plus en plus répandue, les mentalités changent et se questionnent et c’est très bien ! Mais qu’en est-il des autres espèces ? J’aimerais notamment vous parler du cheval, connu comme « la plus belle conquête de l’homme ». Rien qu’avec ce bout de phrase il y a un problème vous ne trouvez pas ?
L’éducation positive des chiens et des chats est de plus en plus répandue, les mentalités changent et se questionnent et c’est très bien ! Mais qu’en est-il des autres espèces ? J’aimerais notamment vous parler du cheval, connu comme « la plus belle conquête de l’homme ». Rien qu’avec ce bout de phrase il y a un problème vous ne trouvez pas ? Équitation et bien-être équin sont-ils compatibles ?
« La plus belle conquête de l’homme ». Eh oui, à l’heure où on considère de plus en plus nos chiens comme des compagnons, des amis, des alliés, les chevaux eux sont encore trop souvent cantonné au rang de « conquête ». De plus j’aimerais mettre l’accent sur le côté péjoratif pour l’animal de ce terme. N’est-il rien de plus qu’un objet à s’approprier et à casser pour nos désirs ? Ce sujet me touche tout particulièrement car comme vous le savez peut-être, j’ai pratiqué l’équitation à partir de mon plus jeune âge et pendant près de 20 ans. Alors quand je suis rentrée dans le monde du chien, la remise en question pour moi était toute naturelle. Cet article ne vous apportera certainement pas de réponse, car moi-même je ne les détiens pas, mais si je peux au moins vous amener à vous poser des questions comme moi je le fais j’en serais très heureuse. Je souhaite surtout partager mes réflexions avec vous et remettre en question ce que nous avons appris.
L'équitation traditionnelle
« Mets-lui un taquet dans les dents pour qu’il se calme », « frappe le s’il te mord », « mets lui un coup de cravache pour qu’il avance ». Si vous faites de l’équitation, vous avez sûrement dû entendre ces phrases et les mettre en pratique, moi la première. Mais posons-nous deux minutes et réfléchissons. Comment un cheval éduqué de manière traditionnelle apprend-t-il ? Par punition positive et renforcement négatif (j’en parle dans mon article sur le collier étrangleur si vous souhaitez en savoir plus). C’est-à-dire, qu’il apprend à éviter des stimuli désagréables, à « céder ». L’humain a ce besoin de contrôle, et quoi de plus spectaculaire que d’écraser un animal puissant tel que le cheval ? Evidemment, l’équitation ne date pas d’aujourd’hui, les premiers Hommes à en faire n’avaient pas nos connaissances d’aujourd’hui. Mais pourquoi des milliers d’années plus tard, notre façon de faire n’a-t-elle pas changé à part pour inventer de nouveaux outils de plus en plus agressifs ?
Le cheval est puni constamment, il doit avancer pour se soustraire à la pression de nos jambes et encore quand nous savons bien la gérer parce que bien souvent cette pression diminue mais reste ! Il est frappé s’il réagit mal à quelque chose, on lui tire sur la tête et la bouche pour le faire s’arrêter etc. Et quand il fait bien ce qu’on lui demande au mieux il a une tape sur l’encolure. J’aimerais également souligner que la punition positive (coup de cravache par exemple), n’explique absolument pas au cheval le bon comportement à avoir. Et c’est là toujours le problème dans notre équitation : on lui demande des comportements qu’il ne sait pas faire en le punissant s’il échoue. Mais comment pourrait-il ne pas échouer s’il ne sait pas ce qu’on attend de lui ?
Vous vous direz peut-être que je dépeins un tableau exagéré, très sombre, mais ceci est la réalité de ce qui se passe dans la plupart des clubs. Et pourtant, ces chevaux sont aimés ! Par ceux qui les entretiennent, qui les montent mais ils ne sont pas compris. Et même si on ne violente pas son cheval à coup de cravache, de torsions brusques ou autre, la base de l’équitation traditionnelle reste d’apprendre au cheval à céder et non à comprendre et coopérer.
Le débourrage
Et pour en arriver là, nous passons par l’étape du débourrage. C’est l’étape où on apprend au cheval à se laisser monter sur le dos. Je ne sais pas si vous avez déjà vu la première fois où un poulain se retrouve avec une selle sur le dos, mais c’est une scène assez incroyable. Bien souvent, on prend le tapis, la selle, on met tout ça sur le dos du poulain qui n’a jamais vu ces trucs là et qui est tenu pour ne pas s’enfuir, puis on le lâche avec ça sur le dos dans la carrière. Eh bien le pauvre poulain, paniqué d’avoir un truc inconnu sur le dos (rappelons que le cheval est une proie), va se débattre tant bien que mal pour s’en débarrasser. Nous pouvons donc assister à des courses au galop, ruades, cabrés ponctués de hennissement paniqués jusqu’à ce que finalement il arrête tout mouvement, se rendant compte qu’il ne peut se débarrasser de ce qu’il a sur le dos. Bravo, votre poulain vient de s’inhiber ! Vous pouvez donc passer à la suite et monter sur son dos, pour reproduire le même schéma. Pour moi ce sont des scènes terriblement violentes, et un stress énorme pour le poulain qui pourrait totalement être évité, en procédant par étape avec du renforcement positif. J’ai également entendu à propos d’un jeune poulain « parfois je m’allonge sur son dos pour l’habituer et s’il n’est pas content ce n’est pas grave, il n’a pas le choix de toute façon ». Cela représente bien la mentalité du monde équestre, « il n’a pas la choix ».
Heureusement de plus en plus de propriétaires et professionnels prennent leur temps pour le débourrage en procédant par étapes et ainsi évitent d’engendrer trop de stress au poulain. Mais je vois encore beaucoup de débourrages à mon sens irrespectueux du cheval, où le malaise du cheval est bien présent mais non respecté même si ce n’est pas aussi spectaculaire que galoper et ruer à tout va pour se débarrasser de ce qu’il a sur le dos.
Alors si on ne respecte déjà pas le jeune cheval lors de l’apprentissage des bases, comment pourrait-on le respecter par la suite ? Comment peut-on espérer gagner sa confiance ?
L’équitation éthologique
Alors vous allez sans doute me parler de ce courant très à la mode de l’équitation éthologique. Censée se baser sur l’éthologie (comme son nom l’indique) de l’animal, donc ses comportements naturels. Mais en faisant mes recherches, j’ai pu découvrir qu’équitation éthologique n’est pas égale à équitation bienveillante. Je vais vous prendre un exemple concret : le licol éthologique. Déjà il n’y a bien qu’en français que cet outil porte ce nom, dans les autres langues il est très largement désigné par « licol à nœuds » ou « licol de corde ». Et c’est tout ce qu’il est, un licol à nœuds. Là comme ça, il n’a pas l’air bien méchant. Et si je vous dis qu’en réalité ces petits nœuds servent à faire des points de pression bien précis pour aider au contrôle de l’animal ? Tiens tiens… se soustraire à une pression qui est un stimulus aversif… mais oui, c’est bien encore une fois du renforcement négatif ! Pour rappel en éducation bienveillante on se base sur le renforcement positif. Comment espérer qu’un animal quel qu’il soit exécute un comportement correctement si on ne lui a pas expliqué ce qu’on attend de lui ? Si on ne lui montre pas ce qui est correct ?
Alors vous allez sans doute me parler de ce courant très à la mode de l’équitation éthologique. Censée se baser sur l’éthologie (comme son nom l’indique) de l’animal, donc ses comportements naturels. Mais en faisant mes recherches, j’ai pu découvrir qu’équitation éthologique n’est pas égale à équitation bienveillante. Je vais vous prendre un exemple concret : le licol éthologique. Déjà il n’y a bien qu’en français que cet outil porte ce nom, dans les autres langues il est très largement désigné par « licol à nœuds » ou « licol de corde ». Et c’est tout ce qu’il est, un licol à nœuds. Là comme ça, il n’a pas l’air bien méchant. Et si je vous dis qu’en réalité ces petits nœuds servent à faire des points de pression bien précis pour aider au contrôle de l’animal ? Tiens tiens… se soustraire à une pression qui est un stimulus aversif… mais oui, c’est bien encore une fois du renforcement négatif ! Pour rappel en éducation bienveillante on se base sur le renforcement positif. Comment espérer qu’un animal quel qu’il soit exécute un comportement correctement si on ne lui a pas expliqué ce qu’on attend de lui ? Si on ne lui montre pas ce qui est correct ?
Alors vous allez sans doute me parler de ce courant très à la mode de l’équitation éthologique. Censée se baser sur l’éthologie (comme son nom l’indique) de l’animal, donc ses comportements naturels. Mais en faisant mes recherches, j’ai pu découvrir qu’équitation éthologique n’est pas égale à équitation bienveillante. Je vais vous prendre un exemple concret : le licol éthologique. Déjà il n’y a bien qu’en français que cet outil porte ce nom, dans les autres langues il est très largement désigné par « licol à nœuds » ou « licol de corde ». Et c’est tout ce qu’il est, un licol à nœuds. Là comme ça, il n’a pas l’air bien méchant. Et si je vous dis qu’en réalité ces petits nœuds servent à faire des points de pression bien précis pour aider au contrôle de l’animal ? Tiens tiens… se soustraire à une pression qui est un stimulus aversif… mais oui, c’est bien encore une fois du renforcement négatif ! Pour rappel en éducation bienveillante on se base sur le renforcement positif. Comment espérer qu’un animal quel qu’il soit exécute un comportement correctement si on ne lui a pas expliqué ce qu’on attend de lui ? Si on ne lui montre pas ce qui est correct ?
Bien sûr, l’équitation éthologique ne se résume pas au licol à nœuds. Là où l’équitation traditionnelle utilise énormément la punition positive et le renforcement négatif, l’équitation éthologique elle se sert surtout du renforcement négatif et de la désensibilisation. Concrètement, les apprentissages sont faits plus en douceur mais tout de même sur une base de céder à nos demandes, à la pression. Cependant le renforcement négatif reste un type de renforcement qui ne permet pas un vrai développement de confiance et de belle relation entre l’humain et le cheval. Il ne permet pas non plus au cheval de s’exprimer et tester des comportements librement.
Je n’ai donc pas poussé mes recherches très loin dans cette équitation car cela ne correspond toujours pas à ce que j’attends de l’équitation et surtout de la relation humain-cheval. Tout n’est pas mauvais là-dedans, mais ce n’est pas ce que je recherche. En effet j’ai le sentiment que les chevaux ne sont toujours pas réellement écoutés et respectés.
Les comprendre ?
Ces chevaux que l’on aime tant, les écoutons nous vraiment ? Eh bien non, s’ils ne rentrent pas dans le moule que nous voulons, nous allons leur donner des étiquettes « agressif » « bon à rien » « mollasson » mais nous n’allons jamais nous poser plus de question. N’oublions pas que malgré tous nos outils, les chevaux restent bien plus puissants que nous, et que s’ils nous tolèrent sur leur dos, c’est seulement par résilience. Ils sont pour beaucoup en « pilote automatique » et détresse acquise (j’en parle également dans mon article sur le collier étrangleur).
Dans une vie où je considère ma chienne comme un être à part entière avec des émotions, et où je cherche chaque jour à la comprendre, à répondre à ses besoins spécifiques liés à son espèce et à récompenser ses bons comportements sans jamais être violente avec elle, je n’imagine plus ne pas faire pareil avec les chevaux. Je n’imagine plus frapper un cheval qui tenterait de me mordre pendant que je serre la sangle autour de son ventre alors que c’est très inconfortable pour lui, si ce n’est douloureux par exemple. J’aime les chevaux en tant qu’être vivant, pas en tant qu’outil. J’aime l’équitation oui, mais plus au détriment de leur bien-être et de leur compréhension. 20 ans d’équitation et je me rends compte qu’en réalité je ne connais pas grand-chose d’eux. Je sais monter dessus oui, je connais les boutons classiques pour leur faire faire ce que je veux, mais en réalité je ne les connais pas assez bien. On ne cherche jamais la cause profonde d’un comportement produit par le cheval, mais on agit toujours simplement sur sa manifestation.
L’exemple le plus flagrant est celui du cheval qui développe un ou des TIC, souvent au box où il reste la plupart de sa journée quand il n’est pas monté. Il se trouve des occupations que l’on va considérer problématiques (ces fameux TIC) : par exemple se taper le menton sur la porte. Mais on ne cherchera jamais à les résoudre. Ils pourront même être punis de produire ces TIC ou alors l’environnement sera adapté pour les rendre irréalisables mais le mal-être sera toujours présent. Alors qu’au final cela ne prend que quelques minutes de se questionner sur l’origine de ce comportement, de réaliser que le cheval est en mal-être car ses besoin physiologiques ne sont pas assouvis. Eh oui un cheval passe en moyenne 60% de son temps à marcher et brouter, soit environ 15h par jour ! Alors quand ils passent 14h par jour en box, comment peut-on imaginer qu’ils ne développent pas des TIC ?
L’exemple le plus flagrant est celui du cheval qui développe un ou des TIC, souvent au box où il reste la plupart de sa journée quand il n’est pas monté. Il se trouve des occupations que l’on va considérer problématiques (ces fameux TIC) : par exemple se taper le menton sur la porte. Mais on ne cherchera jamais à les résoudre. Ils pourront même être punis de produire ces TIC ou alors l’environnement sera adapté pour les rendre irréalisables mais le mal-être sera toujours présent. Alors qu’au final cela ne prend que quelques minutes de se questionner sur l’origine de ce comportement, de réaliser que le cheval est en mal-être car ses besoin physiologiques ne sont pas assouvis. Eh oui un cheval passe en moyenne 60% de son temps à marcher et brouter, soit environ 15h par jour ! Alors quand ils passent 14h par jour en box, comment peut-on imaginer qu’ils ne développent pas des TIC ?
Vers une autre équitation ?
Je pense que nous avons encore beaucoup de chemin à accomplir avec les chevaux. Il en reste déjà beaucoup à accomplir avec les chiens, mais cela devient à mon sens urgent que les mentalités changent également pour le monde du cheval. J’aimerais que l’équitation ne débute pas par « comment faire avancer un cheval » mais plutôt par « comprendre la communication du cheval ». Je sais que la plupart des cavaliers et cavalières aiment profondément ces animaux et ne pensent pas à mal en faisant ce qu’ils font, j’étais pareil. On fait comme on nous l’a appris, on ne remet pas en question car c’est comme ça depuis toujours c’est tout. Et c’est bien là le problème. Le « on a toujours fait comme ça » est une véritable plaie dont il faut se débarrasser pour ouvrir son esprit. Ce n’est pas parce qu’on a toujours fait quelque chose que ce quelque chose est correct. Il est temps de ne plus traiter les chevaux comme nos esclaves et de leur montrer l’amour qu’on leur porte en les écoutant et les respectant, donnons-leur du choix et donnons-leur la possibilité de nous faire confiance.
J’aimerais
- qu’on se remette plus en question vis-à-vis des chevaux et de ce que l’on croit savoir,
- qu’on apprenne à mieux les comprendre,
- qu’on réponde aux besoins primaires de leur espèce avant de leur demander quoi que ce soit, qu’on leur montre le bon chemin et qu’on ne les punisse pas d’avoir pris le mauvais sans savoir,
- que l’humain arrête de se sentir tout puissant et de gonfler son égo domptant un tel animal, et au contraire qu’il soit humble devant ce que le cheval est prêt à lui donner s’il prend la peine de le respecter,
- que le renforcement positif soit plus répandu même dans ce monde de l’équitation, car je le rappelle, le renforcement positif fonctionne avec toutes les espèces animales même avec les papillons par exemple (The Butterfly Projet par Ken Ramirez https://www.clickertraining.com/the-butterfly-project), tant que l’on trouve le renforçateur adéquat !
J'aimerais
- qu’on se remette plus en question vis-à-vis des chevaux et de ce que l’on croit savoir,
- qu’on apprenne à mieux les comprendre,
- qu’on réponde aux besoins primaires de leur espèce avant de leur demander quoi que ce soit, qu’on leur montre le bon chemin et qu’on ne les punisse pas d’avoir pris le mauvais sans savoir,
- que l’humain arrête de se sentir tout puissant et de gonfler son égo domptant un tel animal, et au contraire qu’il soit humble devant ce que le cheval est prêt à lui donner s’il prend la peine de le respecter,
- que le renforcement positif soit plus répandu même dans ce monde de l’équitation, car je le rappelle, le renforcement positif fonctionne avec toutes les espèces animales même avec les papillons par exemple (The Butterfly Projet par Ken Ramirez), tant que l’on trouve le renforçateur adéquat !
Ressources
Heureusement dans mes recherches j’ai trouvé quelques ressources qui rejoignent mes réflexions et mes convictions, je vous les partage donc ici :
- The Willing Equine blog, vidéos et podcasts (en anglais)
- Karen Pryor clicker training for horse (cours en anglais)
- L’éthoparc d’Hélène Saint Dizier ainsi que la page facebook
- La page facebook de Léa Lansade, chercheure en éthologie équine pour l’IFCE, à l’INRAE
- Language Signs and Calming Signals of Horses : Recognition and Application par Rachaël Draaisma(en anglais)
- La page instagram et bientôt site web @liberte_positive
- Le blog Le cheval qui murmure à l’oreille des hommes ainsi que la page Facebook
De plus il existe plusieurs bons livres parlant des chiens mais pouvant s’appliquer aux chevaux également comme Don’t shoot the dog par Karen Pryor (traduit en français).
J’espère que cet article vous aura plu et aura soulevé des questions dans vos têtes. Laissez moi un commentaire pour me donner votre avis et partagez !
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